Un accord Chine, Iran, Arabie Saoudite

mars 20, 2023 Par Bizchine

L’accord pourrait avoir des implications majeures pour le Moyen-Orient. Qu’est-ce que cela signifie pour le rôle de Pékin et de Washington dans la région et au-delà ? L’Iran et l’Arabie saoudite ont annoncé vendredi dernier un accord négocié par la Chine pour rétablir leurs relations. Après des décennies d’hostilité et une rupture formelle des liens en 2016, le rapprochement a été présenté comme un développement capital dans la région. Toutefois, son impact ultime sur le Moyen-Orient reste une question très ouverte, car les deux puissances adverses se livrent à une guerre par procuration au Yémen et continuent de soutenir des camps opposés dans toute la région. En pleine période de retrait perçu des États-Unis au Moyen-Orient, cet accord est une victoire diplomatique pour la Chine, qui cherche de plus en plus à présenter une vision alternative à l’ordre mondial dirigé par les États-Unis.

L’accord sur le rétablissement des liens est une aubaine pour le gouvernement iranien, qui faisait face à une série de défis redoutables début 2023. L’Iran était de plus en plus isolé en raison de ses violations des droits de l’homme, de son programme nucléaire controversé et de son soutien à la guerre de la Russie en Ukraine. Téhéran a donc pu revendiquer cette annonce comme une victoire diplomatique.

L’accord semble indiquer l’intention de l’Iran de désamorcer les tensions avec l’Arabie saoudite dans tout le Moyen-Orient. Les deux pays se sont opposés dans des conflits, en particulier au Yémen et en Syrie. Au Yémen, l’Iran a armé et aidé les Houthis, tandis que l’armée saoudienne a lancé une guerre aérienne en 2015 pour empêcher une prise de pouvoir complète par les rebelles Houthis. Les Houthis ont ensuite lancé des attaques contre les aéroports et les installations pétrolières saoudiennes. Plus de 150 000 personnes ont été tuées pendant la guerre, dont près de 15 000 civils. Un cessez-le-feu de six mois a expiré en octobre 2022, mais a largement été respecté.

La mission de l’Iran auprès des Nations unies a suggéré que le dégel avec l’Arabie saoudite pourrait conduire à une solution plus durable. L’Iran aurait accepté de cesser d’armer les Houthis, bien que cet engagement n’ait pas été inclus dans la brève déclaration conjointe de l’Iran, de l’Arabie saoudite et de la Chine. L’Iran aurait également pu voir dans cet accord l’occasion de démontrer à la Chine qu’il peut jouer un rôle constructif au Moyen-Orient. La République islamique a une longue histoire d’ingérence dans la région, donc s’engager à réduire les tensions avec son rival régional était un geste significatif.

En fin de compte, le deal entre l’Iran, l’Arabie Saoudite et la Chine pourrait avoir des répercussions considérables sur l’équilibre des pouvoirs dans la région du Moyen-Orient et au-delà. Il est intéressant de noter que la Chine n’est pas le seul acteur non régional à suivre attentivement cette évolution. Les États-Unis, qui ont longtemps été l’acteur dominant dans la région, ont également salué la décision, tout en exprimant des doutes quant à l’engagement de l’Iran envers la diplomatie.

En fin de compte, il est trop tôt pour dire si cet accord entre l’Iran et l’Arabie Saoudite sera couronné de succès à long terme. Le chemin à parcourir pour que les deux pays rétablissent complètement leurs relations diplomatiques sera long et difficile. Néanmoins, l’implication de la Chine dans cet accord souligne l’importance croissante de Pékin en tant qu’acteur majeur dans la région et dans le monde en général.

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