La Banque centrale chinoise s’aligne sur l’occident
janvier 6, 2025La Banque centrale chinoise adopte une politique plus alignée sur le modèle occidental, privilégiant les taux d’intérêt pour stimuler l’économie.
La Banque populaire de Chine (PBoC) initie une réforme majeure pour moderniser sa politique monétaire. En s’éloignant des objectifs quantitatifs de croissance du crédit, elle adoptera un modèle basé sur les taux d’intérêt, semblable à celui des banques centrales occidentales. Ce changement vise à renforcer l’efficacité de la politique économique dans un contexte de ralentissement de la demande de crédit et de crise immobilière. En 2025, un ajustement des taux d’intérêt, actuellement à 1,5 %, est prévu pour dynamiser l’économie tout en réduisant les inefficacités liées aux surcapacités industrielles et aux créances douteuses.
Une réforme stratégique pour une politique monétaire moderne
La Banque populaire de Chine prévoit d’adopter une approche plus orthodoxe, en mettant fin à l’accent historique sur les objectifs quantitatifs de croissance des prêts. Traditionnellement, la PBoC combinait de multiples taux d’intérêt avec des directives informelles aux banques sur l’expansion de leur portefeuille de crédits. Ce système, bien qu’efficace dans une économie orientée sur la croissance rapide, a montré ses limites, notamment par l’accumulation de créances douteuses et une allocation inefficace des ressources.
En 2025, la PBoC prévoit de réduire son taux d’intérêt principal de 1,5 %, marquant ainsi un changement fondamental. Selon Morgan Stanley, cette réforme est cruciale pour répondre à la baisse de la demande de crédit, particulièrement visible dans le secteur immobilier, qui représente environ 25 % du PIB chinois. Le ralentissement de ce secteur a provoqué une chute de 40 % des ventes de logements neufs en 2024, aggravant les tensions économiques.
En adoptant le modèle du taux directeur unique, similaire à celui de la Fed ou de la BCE, la PBoC espère améliorer l’efficacité de la transmission monétaire et réduire les inefficacités associées aux politiques de crédit.
Un ajustement nécessaire face à la crise économique
Le ralentissement de l’économie chinoise, avec une croissance cible de 5 % en 2024, a mis en lumière la nécessité d’une réforme. Le secteur immobilier, autrefois moteur économique, est désormais un fardeau, avec des dettes accumulées dépassant 2 400 milliards d’euros. Pour contrer ces effets, la PBoC a baissé ses taux à court et long terme à plusieurs reprises en 2024. Par exemple, le taux repo à 7 jours a été réduit de 20 points de base, stimulant la liquidité à court terme pour les banques.
Cependant, ces mesures restent insuffisantes pour restaurer pleinement la confiance des investisseurs et des consommateurs. La transition vers une politique basée sur les taux d’intérêt pourrait également freiner les subventions implicites aux secteurs stratégiques, comme la haute technologie et la fabrication, qui bénéficient actuellement d’un crédit dirigé.
Les défis d’une transition complexe
La mise en œuvre de cette réforme n’est pas sans défis. Les banquiers chinois, habitués à recevoir des directives explicites de la PBoC, pourraient avoir des difficultés à ajuster leurs pratiques. La tarification des prêts à long terme, basée sur les risques, nécessitera une révision fondamentale des processus bancaires.
Un autre défi réside dans l’absence de transparence. Contrairement aux banques centrales occidentales, la PBoC n’organise pas de réunions régulières et publiques pour annoncer ses décisions politiques. Cette opacité pourrait nuire à la prévisibilité des marchés financiers. Comme l’a souligné JPMorgan Chase, l’absence de calendrier clair pourrait maintenir les investisseurs dans l’incertitude.
En outre, la volonté de l’État de diriger les flux financiers vers les secteurs stratégiques, comme les technologies de pointe, reste un obstacle potentiel à la transition. Cette tension entre modernisation et contrôle centralisé pourrait ralentir la mise en œuvre de la réforme.
Les conséquences sur les marchés et perspectives mondiales
Si la réforme est couronnée de succès, la politique monétaire chinoise pourrait devenir plus compréhensible pour les investisseurs internationaux. Cela favoriserait une intégration accrue des marchés financiers chinois avec le reste du monde. En 2024, la Chine a déjà acheté des obligations d’État sur le marché secondaire, un mécanisme emprunté aux pratiques de la Fed, pour injecter de la liquidité dans le système financier.
Cependant, la réforme pourrait également entraîner une volatilité à court terme. Les ajustements nécessaires dans le secteur bancaire pourraient réduire temporairement le volume des prêts, affectant la croissance économique globale. À l’international, une Chine plus orientée vers les taux d’intérêt pourrait influencer les flux de capitaux, notamment dans les économies émergentes.
La PBoC devra également équilibrer ses objectifs économiques nationaux avec les attentes des investisseurs mondiaux. Cela inclut une transparence accrue et des efforts pour stabiliser le yuan, qui a perdu 4,5 % de sa valeur face au dollar en 2024.
La réforme de la politique monétaire de la PBoC marque une étape importante dans la modernisation économique de la Chine. En adoptant un modèle plus aligné sur les normes occidentales, la Chine espère renforcer l’efficacité de sa politique économique et restaurer la confiance dans un contexte de ralentissement économique. Toutefois, la transition sera semée de défis structurels, nécessitant un équilibre entre innovation et contrôle étatique.